Errances pour le festival des Dionysies, installé de 2007 à 2015 au réfectoire des Cordeliers : la comédie migre, la troupe vogue sur ses tréteaux de bois, et suivra le jeune Télémaque, lui-même en route sur les traces de son père Ulysse : une génération en quête de son père, avec l’hexamètre d’Homère à scander encore et toujours, en grec ancien et en français, avec les amis du café homérique, à Sainte Barbe. Et si vous êtes là à l’ouverture, à Jussieu, vous entendrez les Grenouilles rivaliser avec les Rats dans la Batrachomyomachie d’Homère…

Une autre génération de migrantes s’apprête à traverser la Méditerranée dans les Suppliantes d’Eschyle. Une pièce fascinante sur des migrantes venues d’Egypte, qui rappellera que la tragédie grecque est plus que jamais d’actualité. Danaos emmène ses filles aux couleurs africaines devant les autels des dieux grecs. Ce sera la sixième tragédie d’Eschyle créée par la compagnie Démodocos, en attendant le Prométhée caucasien qui couronnera l’édifice un peu plus tard… mais qui sera déjà là, à Richelieu, dans une version lyrique de nos amis grecs ! Entre deux courses errantes, le chœur tentera de s’improviser une acropole de fortune pour y jouer Lysistrata (à Jussieu) ou planter les murailles du rêve thébain, et jouer Oedipe roi (à la BNF) ou Antigone (à Jussieu), encore hantés par les satyres et les ménades de Dionysos ! Mais Antigone aussi dérivera jusqu’en Abyssinie (à la BNF), sur les contreforts des plateaux éthiopiens, d’où s’écoulent les eaux qui vont nourrir le Nil… On tentera quand même de souffler avec le retour du général Amphitryon, et la confrontation de Sosie et Mercure (à la BNF aussi). Et ce n’est pas tout, vous retrouverez Lucrèce, sur les pentes du cimetière marin de Sète, à Richelieu, et la Chanson de Roland, dans une tour de Jussieu. Montjoie ! Un peu d’épopée française – ou plutôt anglo-normande…

N’oubliez pas le Gorgias du grand Platon, avec le débat philosophique qui se réinventera sous nos yeux, à la Bibliothèque Sainte Barbe ! Et le musicien crétois d’Hadrien, Mésomède, retrouvé avec le chant et la danse, pour un Hymne au Soleil mérité après un hiver qui n’en finit pas…

Rendez-vous quelque part à Paris entre le 29 mars et le 6 avril 2016.

Salutations dionysiaques

Philippe Brunet,
Directeur artistique du festival des Dionysies